Pourquoi agir ?
La JNFM22 se veut un espace d’échanges et de réflexion sur cette réalité, souvent occultée : la faible représentativité des femmes dans l’espace médiatique en général, et ivoirien en particulier.
Les femmes comptent à peine pour 20% des 959 professionnels référencés par la Commission paritaire d’attribution de la carte de journaliste professionnel et de professionnel de la communication (CIJP) en 2022 ; elles souffrent aussi d’une faible représentation aux postes de décisions dans les rédactions et institutions médiatiques. Ce qui ne leur permet pas d’impacter significativement la qualité et la quantité des informations consacrées au genre.
Il y a un réel décalage entre la place et l’image des femmes dans les médias et leur poids démographique et politique (pour la présidentielle de 2010 en Côte d’Ivoire, les femmes représentaient 52% de l’électorat). Les médias seraient-ils sexistes parce que la réalité l’est ? Si oui, les médias doivent-ils se contenter d’être le reflet de la société ?
Les médias participent de la construction d’images et de symboles renforçant la division du monde dans lequel ils évoluent. Or, nous constatons que l’image de la masculinité est associée à la politique, à l’économie, à la diplomatie, au sport… ; tandis que les femmes, quand elles sont visibles, ne sont ni porteuses d’une parole d’autorité, ni valorisée comme source d’informations crédibles.
Le rôle des médias dans la formation de l’opinion publique démocratique montre qu’ils peuvent et doivent participer à la réduction des inégalités liées aux stéréotypes basées sur le genre. Ils doivent amplifier le pluralisme dans la sphère publique en donnant, de manière équitable, la parole aux femmes et aux hommes.
Il s’agit donc de « repenser les pratiques journalistiques et de combattre les stéréotypes liés au genre », c’est pour cela que nous parlons d’un « Nouvel Ordre Médiatique ».
Les professionnels des médias doivent accepter leur responsabilité collective en tant que « quatrième pouvoir », participer à (re)mettre en question les conventions et les codes sociaux qui semblent aller de soi et participer à les réécrire.
Et comme le rappelle Joke Hermes (chercheure spécialisée dans le domaine des médias et de la culture populaire) : « la lutte contre les stéréotypes de genre n’est pas une simple question (d’un petit groupe) de femmes. Elle s’inscrit dans une problématique beaucoup plus large et est au cœur de la réalisation de la démocratie, par le biais de l’information et du débat public ».